« Nous finissons les bovins croisés à l’herbe »
Intégrer une race précoce au troupeau permet à la station Inrae de Laqueuille d’engraisser tous les bovins uniquement avec des fourrages herbagers. Objectif : définir l’âge optimal à l’abattage.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Au cœur du Massif central, le site Inrae Herbipôle de Laqueuille (Puy-de-Dôme) expérimente l’intégration de la race angus dans le troupeau allaitant, conduit en agriculture biologique (AB). Treize mères salers, treize charolaises, et cinq croisées angus-salers sont mises à la reproduction avec le taureau angus. « Nous souhaitons observer si l’effet d’hétérosis peut être accentué lors d’un double croisement », explique Bernard Sepchat, ingénieur bovin allaitant à l’Herbipôle sur le centre Inrae Clermont Auvergne-Rhône-Alpes.
Une durée d'engraissement réduite
L'effet d’hétérosis, c’est la présence chez un animal croisé de certaines caractéristiques de performance supérieures à celles issues des deux races parentales. « La précocité de dépôt de gras de la race angus est reconnue. Depuis que nous l’avons intégrée en 2015, nous avons réduit la durée d’engraissement et avons pu finir tous les animaux à l’herbe. »
Les 130 hectares de prairies naturelles, partagés avec 130 brebis, sont l’unique ressource fourragère de cette exploitation, perchée à presque 1 500 mètres d’altitude. En complément du croisement, les techniques de récolte de l’herbe ont été optimisées afin d’assurer une autonomie de la ferme. « Vu les prix des aliments en agriculture biologique, il est indispensable de s’en affranchir », affirme Bernard Sepchat.
Une plus grande capacité d’ingestion
D’abord, une récolte précoce de l'herbe permet d’atteindre des taux de MAT de 14 à 16 % et des valeurs énergétiques de 0,8 à 0,9 UFV/kg de MS sur l’enrubannage. Un déprimage des parcelles de fauche et un pâturage tournant offrent également aux animaux un fourrage avec des valeurs énergétiques intéressantes.
« Nous faisons du fourrage de qualité afin que les bovins ne restent pas longtemps sur la ferme. Plus ils sont abattus jeunes, plus la ration doit être riche. C’est pour cela que nous privilégions l’enrubannage », explique Bernard Sepchat. Jusqu’au sevrage, les veaux croisés ne consomment que le lait de leur mère et l’herbe au pâturage. Ensuite, pendant la période d’engraissement, l’enrubannage et le foin de deuxième coupe prennent le relais.
« De la naissance à l’abattage des bouvillons, le gain moyen quotidien est de 1 020 grammes pour les salers x angus et de 1 060 g pour les charolais x angus». Les résultats montrent que les croisés angus ont une capacité d’ingestion légèrement supérieure aux animaux de race pure et qu'ils ingèrent mieux les fourrages grossiers.
Un dépôt de gras plus précoce
Visuellement, les résultats impressionnent. « Sur des croisés salers x angus, à 1 an, le dépôt de gras est égal voire supérieur à celui d’un jeune bovin de race à viande de 18 mois », s’étonne Bernard Sepchat. Pour les génisses de deux ans, la qualité de la carcasse est égale ou supérieure à celle d’une charolaise de réforme finie.
« Si nous obtenons tous ces résultats sans concentrés, c’est principalement grâce au croisement », assure Bernard Sepchat. Désormais, le projet de recherche vise à trouver l’équilibre idéal de production. Trois âges d’abattage sont testés : 17 mois, 24 à 27 mois ou 3 ans (lire l’encadré ci-dessous). Le mot d’ordre reste le même : réduire le temps d’engraissement, diminuer les charges, et gagner en autonomie alimentaire. « Nous aspirons à un modèle vertueux, viable et transposable en fermes. Le croisement en fait partie. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :